La nuit, la ville est bourdonnements et chaos. Cachée, elle vit dans l'ombre d'un paysage urbain anesthésié au design exubérant. Le coeur de la nuit bat au rythme de percussions diverses : une batterie renversée aux résonnances militaires, une pulsation déformée, une attaque Dub qui déraille, un refrain moyen-oriental, une cacophonie de sons d'automobiles, une symphonie de bandes sonores enregistrées au hasard à la frontière de la nuit. Là où l'humanité rôde dans les coins sombres, capuches relevées, yeux baissés, communiquant par gestes clandestins. Là où le renard urbain chasse dans l'obscurité d'une ville fantôme étouffante, se servant à sa guise - sans peur, sans rival, sans attache, intouchable ... Comme The Prodigy.
The Prodigy annonce aujourd'hui son nouvel album « The Day is My Enemy », dont la sortie est prévue le 30 mars, sous le propre label du groupe Take Me To The Hospital et Cooking Vinyl. L'album vous entraîne dans un voyage dans le ventre inexploré de la vie nocturne urbaine, où la colère est une énergie omniprésente cachée sous la surface d'un calme tendu.
« Je n'avais pas prévu que cet album soit violent, c'est tout simplement le son qui est né dans le studio, quelque chose qui s'est construit ces quatre dernières années. Les paroles « Anger is an energy » - en français, la colère est une énergie - ont toujours eu une certaine résonnance chez moi explique Liam Howlett. La tension est enfouie au plus profond de la musique, dès la première note. Le tout est d'avoir un son évoquant le danger. C'est ça, le son de The Prodigy. »
En principe, Liam Howlett, Keith Flint et Maxim n'auraient aucune raison d'être en colère. Les membres de The Prodigy ont toujours suivi un chemin solitaire à travers le paysage sonore de l'electronic dance. Ils ont sorti cinq albums en studio correspondant chacun à une époque différente, parmi lesquels Invaders Must Die, en 2009, dont le monde se souvient encore, et réalisé des performances live qui ont emporté les rythmes électroniques dans des territoires inconnus. Pendant tout ce temps, ils sont résolument restés fixés sur leur propre vision, et ont inspiré une multitude d'artistes.
The Day Is My Enemy est probablement le plus british de tous les albums que vous écouterez cette année. Pas dans le sens chauvin et cocardier du terme, mais dans un sens évoquant les espaces nocturnes des villes britanniques où résonne une cacophonie de couleurs et de cultures multiples. Si Invaders Must Die était le son d'un développement urbain rouillé et déclinant, comme une plaie ouverte dans la campagne anglaise, alors The Day is My Enemy est l'expression d'une humanité en colère dans le délabrement du cauchemar urbain.
Avec The Day Is My Enemy on retrouve le groupe repoussant les limites de nos attentes, avec la ferveur débridée d'une bande d'adolescents qui voleraient une voiture pour y installer le moteur le plus rapide qu'ils puissent trouver.